Au cœur d’une séance d’assemblage d’un Grand Vin Liquoreux
Informations tirées de l‘article publié par Michel Sarrazin de Terres de Vins le 22/02/24
Assister à une séance d’assemblage au château Rayne Vigneau est un privilège, sans pour autant dévoiler les secrets d’élaboration…
Cette séance permet de comprendre la mécanique des assemblages des liquoreux et la logique de construction du premier vin et du second vin, qui repose d’abord sur la recherche de la qualité et sur la préservation de l’identité du vin du château.
Le millésime 2023 s’annonce excellent et les assemblages semblent “presque” être une évidence
Des vendanges « fulgurantes », selon Vincent Labergère, le directeur général. « On n’aura jamais vendangé aussi tôt, ni terminé aussi tôt, ni mobilisé autant de vendangeurs pour pouvoir cueillir dans les délais. » Quatorze lots produits, c’est peu, identifiés non pas par parcelle mais par date de vendange.
Constitution d’une base du grand vin
Avant cette séance, les premiers assemblages des liquoreux avaient pour objectif d’identifier trois groupes. D’abord les lots incontournables pour le premier vin afin de constituer ce qu’on appellera « la base ». Puis les lots intermédiaires, ceux pour lesquels on ne sait pas encore s’ils vont aller dans le premier ou le second vin. Et enfin, ceux dont on sait d’emblée qu’ils iront dans le deuxième vin. Ce travail fait, pour constituer le premier vin, il convient de nuancer et d’essayer de se rapprocher de ce qui fait l’identité du vin de Rayne Vigneau…
Le rôle prépondérant des lots intermédiaires
Trois bouteilles sont numérotées 1, 2 et 3. Un silence de cathédrale qui dure deux bonnes minutes règne pendant la dégustation des trois vins. Puis le silence se rompt. Henri Boyer se lance : « J’aime bien le 3, je trouve qu’il a un peu plus d’éclat. Je pense que ce n’est pas le plus riche mais il est harmonieux et se rapproche du style Rayne Vigneau alors que pour les deux autres lots, on a un petit excès de concentration, de liqueur, bien que les amers soient présents. »…
Les explications d’Henri Boyer l’œnologue consultant
Pourquoi cette base ne suffit pas à elle seule pour le premier vin Rayne Vigneau alors qu’elle a été choisie ? « La base est opulente, mais présente des défauts d’harmonie, a un peu trop de liqueur, et est sans doute trop démonstrative. Il y a l’acidité, mais, il fallait l’ouvrir et lui donner de l’harmonie. » Nous savons que les lots intermédiaires, parfois appelés « lots médecins », fonctionnent bien dans la complémentarité. Ce sont eux qui apportent, parfois à faible proportion, ce qui manque à la base. La base est un peu « too much » et pour trouver le style Rayne Vigneau « on a besoin d’acidité, d’amertume et la salinité » – une trilogie chère à Vincent Labergère…
C’est ainsi que le vin de Rayne Vigneau, 1er cru classé en 1855, se construit pas à pas, en respectant le temps du vin, en essayant de se projeter sur son futur…